[English Version: Boualem Sansal and World Literature]
Journée organisée par les laboratoires CERCC de l’ENS Lyon et CEREdI de l’Université de Rouen-Normandie, avec le concours du collectif Littérature et liberté.
Date de l’événement : 14 mars 2025
Lieu : ENS de Lyon
Langues : les langues de travail seront le français et l’anglais, mais les communications pourront être prononcées dans d’autres langues si une traduction est possible.
Cette journée est la première d’une série intitulée « Je l’ai entendu comme un appel… »1, à l’initiative du collectif Littérature et liberté (https://www.litterature-liberte.org/), pour continuer à faire vivre l’œuvre de Boualem Sansal tandis qu’il est réduit au silence, détenu depuis plus de deux mois au moment de la publication de cet appel à communications. Les journées suivantes porteront notamment sur « Boualem Sansal et la philosophie », et sur la traduction et la réception de Sansal dans le monde.
Appel à communications
Dans une communication mettant en évidence la veine faulknérienne qui irrigue l’œuvre de Rachid Boudjedra, Hafid Gafaïti s’est étonné de voir qu’on supposait toujours que les influences des écrivains algériens francophones se réduisaient à la littérature française et à la littérature algérienne2. L’actualité et la réception de Boualem Sansal le cantonnent trop souvent à ce face-à-face franco-algérien, champ qu’élargit pourtant très clairement l’auteur, dont l’œuvre est nourrie par des lectures ouvertes à tous les horizons. Le terreau intertextuel mondial de Sansal est particulièrement riche : Dante, le théâtre élisabéthain, Cervantès, Dostoïevski, Thoreau, Kafka, Soljenitsyne, Orwell, Gheorgiu, Eco, Grossman… Et la liste est loin d’être exhaustive : dans un article récent, Michel Pierre montre que Boualem Sansal se place dans « la lignée des grands auteurs sud-américains, de Garcia Marquez à Pablo Neruda, d’Alejo Carpentier à Vargas Llosa », avant de rappeler que « son œuvre a l’ampleur des grand récits universels finalement rares à l’échelle mondiale »3. Or, c’est aussi à cette échelle que Boualem Sansal entend de plus en plus explicitement réfléchir et agir4.
La visée de cette journée est de relire l’œuvre de romancier et d’essayiste de Sansal à la lumière de son inscription dans la littérature mondiale, afin de mieux en dégager l’ampleur et la portée. Elle permettra également de préciser la conception que Boualem Sansal se fait lui-même de la « littérature mondiale » (notion formulée par Goethe en 1824, relayée par les interrogations sur la mondialisation de la littérature), ou de la « littérature-monde » (Boualem Sansal a contribué au manifeste Pour une littérature-monde5). Nous nous demanderons notamment si la pratique de la « littérature-monde » telle que Sansal l’envisage peut contribuer à la réalisation de son idéal du « citoyen du monde », c’est-à-dire du citoyen de la « République mondiale des Hommes libres, rois en leurs demeures »6.
Les communications pourront porter notamment sur :
- l’étude de sources et d’influences sur la pensée comme sur l’écriture de Sansal, venant de la littérature mondiale de toutes périodes historiques et de toutes langues ;
- l’étude des relations concrètes que Sansal entretient avec des auteurs de différents pays du monde ;
- le rapport de Sansal romancier et essayiste à l’intertexte mondial ;
- le regard porté par Sansal sur des cultures ou des littératures particulières ;
- la relation entre langue, culture et littérature dans l’idée que Sansal se fait du « citoyen du monde » ;
- le regard posé par Sansal sur la mondialité, son point de vue sur la mondialisation culturelle, sa pensée du cosmopolitisme et de l’articulation du particulier avec l’universel ;
- le message adressé à l’humanité dans son ensemble par le romancier ou par l’essayiste Sansal, ancré dans la spécificité de son rapport au monde.
Les différentes journées d’étude du cycle « Je l’ai entendu comme un appel… » feront l’objet d’une publication, sur internet ou en volume.
Comité d’organisation : Éric Dayre (CERCC, ENS Lyon), Hubert Heckmann (CEREdI, Université de Rouen-Normandie), Guillaume Houdant, Lisa Romain, Jean Szlamowicz (Université de Bourgogne).
Comité scientifique : Mohamed Aït-Aarab (maître de conférences en Littératures francophones, Université de la Réunion), Éric Dayre (Professeur de littératures comparées à l’ENS de Lyon), Guy Dugas (Professeur émérite de Littérature comparée, Université Montpellier III), Michel S. Laronde (Professor Emeritus of French and Francophone Studies, University of Iowa), Lisa Romain (enseignante et auteur d’une thèse sur l’œuvre de Boualem Sansal).
Les propositions de communication (environ 300 mots), accompagnées d’une courte biobibliographie (situation institutionnelle, laboratoire, champs de recherche et publications), devront être envoyées avant le 20 février 2025 à l’adresse suivante : contact [a] litterature-liberte.org
—Notes—
1 Écho à l’incipit de Boualem Sansal, Rue Darwin, Gallimard, 2011.
2 Hafid Gafaïti, dans une communication intitulée : « L’héritage faulknérien du Nouveau Roman et sa transmission au roman maghrébin francophone », entend ainsi par exemple réaffirmer l’influence exercée par le roman américain sur cette génération. Cf. Programme du 32e Congrès Mondial du CIEF, p. 40. https://www.crhia.fr/doc_upload/Programme_congres%20CIEF%202018-.pdf.
3 Michel Pierre, « Pour Boualem Sansal. Plaidoyer pour un grand écrivain et un homme libre », herodote.net, 5 janvier 2025, en ligne : Pour Boualem Sansal – Plaidoyer pour un grand écrivain et un homme libre – Herodote.net (consulté le 5 janvier 2025).
4 C’est en ce sens que se comprend la réflexion du Train d’Erlingen sur « le livre qui reste à écrire » et l’appel de sa narratrice : « j’ai découvert que notre histoire n’était pas racontable en la forme d’un roman, j’avais présumé de mes forces littéraires. L’histoire est multiple, elle se déroule sur plusieurs plans, plusieurs pays, plusieurs strates historiques, impliquant des personnes n’ayant pas de lien entre elles » (Boualem Sansal, Le Train d’Erlingen ou La Métamorphose de Dieu, Gallimard, 2018, p. 242). De fait, Léa invite immédiatement après le lecteur à se joindre à une grande chaîne qui traverse le temps et l’espace et à compléter les « pièces détachées » du roman, dont certaines sont, précisément, des fiches de lecture consacrées à La Métamorphose de Kafka ou aux Immortels d’Agapia de Gheorghiu.
5 Michel Le Bris et Jean Rouaud (dir.), Pour une littérature-monde, Paris, Gallimard, 2007.
6 Boualem Sansal, Lettre d’amitié, de respect et de mise en garde aux peuples et aux nations de la terre, Paris, Gallimard, 2021.