« Qui n’est pas libre ne respectera jamais l’autre, ni l’esclave car son malheur lui rappelle sa propre humiliation, ni celui qui est libre car son bonheur est une insulte pour lui. Seul le désir de liberté le sauvera de la haine et du ressentiment. Sans ce désir consciemment porté, nous ne sommes pas des humains, il n’y a rien de vrai en nous. »
Ouvrage collectif paru le 23 mars 2025. Liliane Schraûwen a collecté, sous l’égide de PEN Belgique francophone, une quarantaine de textes de tous horizons, des témoignages de solidarité et de lutte pour la liberté, réunis sous le titre : Amorces de récits.
Le Prix mondial Cino Del Duca 2025 a été remis à Antoine Gallimard pour Boualem Sansal le 18 juin 2025.
Le jury, présidé par Amin Maalouf, secrétaire perpétuel de l’Académie française, a souhaité rendre hommage à « la force d’un écrivain qui, par-delà les frontières et les censures, continue de faire entendre une parole libre, profondément humaniste et résolument nécessaire ». Le Prix mondial Cino Del Duca, créé en 1969, est l’une des plus importantes récompenses littéraires internationales après le Prix Nobel.
Pour sa 35e édition, Le Printemps du Livre de Montaigu met à l’honneur Boualem Sansal. L’écrivain franco-algérien est actuellement dans les geôles de l’Algérie pour avoir défendu la liberté d’expression.
Le festival a adressé une invitation symbolique à l’auteur via sa maison d’édition, en signe de solidarité. Malgré son absence physique, Boualem Sansal occupera une place centrale lors de cette édition du salon littéraire de Montaigu.
Un moment privilégié intitulé « Boualem Sansal, absent mais si présent » lui sera consacré pendant le festival. Cette Escale Littéraire accueillera Kamel Bencheikh, écrivain et poète franco-algérien, ami fidèle de Boualem Sansal. Les deux hommes partagent une vision lucide des dérives politiques algériennes et un engagement profond pour la liberté d’expression.
Né en Algérie et installé en France, Kamel Bencheikh est une voix engagée contre la censure et le fanatisme. Son dernier essai, L’islamisme ou la crucifixion de l’Occident – Anatomie d’un renoncement, en témoigne. Il apportera son éclairage sur l’œuvre et le combat de Boualem Sansal. Kamel Bencheikh intervient le samedi 29 mars à 17 h 30 sous le chapiteau de la place de l’Hôtel de Ville.
Tout au long du festival, un espace dédié permettra aux visiteurs de découvrir et d’acheter les ouvrages de Boualem Sansal. Kamel Bencheikh sera également présent les samedi 29 et dimanche 30 mars pour échanger avec le public.
Auteur majeur de la littérature francophone, Boualem Sansal s’est illustré par ses romans dénonçant la corruption, le fanatisme et les abus du pouvoir algérien. Les autorités algériennes l’arrête en novembre 2024. Il a alors 80 ans et souffre d’un cancer. On l’incarcère à Alger pour « atteinte à l’intégrité du territoire national ». Cela suscite depuis des mois une vague d’indignation internationale. Le 20 mars 2025, le parquet du tribunal algérien requiert une peine de 10 ans de prison ferme. Le verdict est attendu pour le 27 mars.
En mettant en avant son œuvre et son combat, le Printemps du Livre de Montaigu réaffirme son engagement pour la liberté d’expression et la force des mots.
« L’œuvre de Boualem Sansal, d’une richesse et d’une profondeur rares, ses mots emprunts de courage et de lucidité, tout nous rappelle avec force la nécessité de défendre des valeurs de liberté qui nous sont chères, » souligne Antoine Chéreau, président de Terres de Montaigu, communauté d’agglomération organisatrice du Printemps du Livre.
Cette table ronde a été animée par la journaliste Catherine Morand, dont nous reproduisons ci-dessous l’argumentaire.
Les auteurs originaires du continent africain font un tabac et remportent des prix littéraires parmi les plus prestigieux. Le prix Goncourt 2024 a ainsi été remis au franco-algérien Kamel Daoud pour Houris, trois ans après La plus secrète mémoire des hommes du Sénégalais Mohamed Mbougar Sarr. Tandis que le Renaudot 2024 a été attribué au Rwandais Gaël Faye pour Jacaranda, pour ne citer qu’eux. «La langue française enjaillée par les littératures africaines?», c’est en tout cas une question qui sera posée au Salon du livre de Genève lors d’une table-ronde proposée par l’association Défense du français dans le cadre de la Semaine de la francophonie et de la langue française. Outre Christine Le Quellec qui enseigne la littérature d’Afrique francophone à l’université de Lausanne, Ibrahima Aya, auteur et éditeur malien, et directeur de la Rentrée littéraire du Mali, sera présent à cette occasion, incarnant la vitalité de la littérature et de l’édition sur le continent africain, où les salons du livre se multiplient, chaque pays mettant un point d’honneur à organiser le sien.
C’est qu’aujourd’hui, deux francophones sur trois vivent sur le continent africain, ce qui permet à la langue française de figurer parmi les cinq langues les plus parlées dans le monde, par plus de 300 millions de personnes. Reste que la plupart de ces pays sont en fait plurilingues, le français étant la langue de communication entre des locuteurs qui ont des premières langues différentes, parfois plusieurs dizaines dans le même pays, comme c’est le cas au Cameroun ou en Côte d’Ivoire. La langue française de par sa coexistence avec de nombreuses langues nationales se voit donc irriguée, enrichie, réinventée par des mots et des expressions qui ont acquis leurs lettres de noblesse en francophonie. Dans plusieurs pays sahéliens en revanche, tels le Mali, le Burkina Faso ou le Niger, la rupture avec l’ex-puissance coloniale rejaillit sur la langue française, reléguée au rang de langue de travail, avec une tendance nette à la valorisation des langues nationales. Le célèbre auteur sénégalais Boubacar Boris Diop, qui écrivait jusqu’alors en français, a même annoncé qu’il «ne rédigerait désormais plus qu’en wolof, principale langue nationale du Sénégal», tout en appelant ses collègues écrivains à en faire autant. Sur fond de tensions politiques, l’Algérie, où l’arabe est la langue officielle, a, en 2022, introduit l’anglais dès l’enseignement primaire, pour contrebalancer le français.
Reste que c’est un écrivain d’origine algérienne, Boualem Sansal, qui, l’année dernière, peu avant d’être arrêté et jeté en prison par les autorités algériennes, publiait le plus vibrant hommage à la langue de Molière paru ces derniers temps. Dans son livre Le français, parlons-en! (Editions du Cerf), il se montre certes très critique à l’égard du pouvoir algérien qui «au nom d’une politique de réislamisation expresse» a «banni le français qui assurait le lien avec le monde libre et l’univers de la philosophie». Mais aussi, il alerte les Français et la France sur la dégradation de leur propre langue, dans leur propre pays. «Si demain, vous et vos enfants, vous vous retrouvez à bredouiller du globish à deux pennys étoilés ou du wesh à deux dinars troués, n’allez pas le reprocher à ceux qui n’ont eu de cesse de vous alerter», lance-t-il dans le langage fleuri qu’on lui connaît. Du coup, on se prend à rêver : et si les «trumperies» à répétition donnaient l’envie aux francophones de boycotter le globish triomphant et ce franglais à deux balles qui pollue notre belle langue française? Cela serait une belle manière de répondre positivement aux mises en garde de Boualem Sansal, mais aussi aux initiatives visant à boycotter des produits américains, lancées il y a quelques jours.
Ce grand rassemblement organisé par le Comité de soutien international a attiré des centaines de gens, parmi lesquels de nombreuses personnalités politiques de tous bords. Etaient présents aussi l’écrivain et essayiste Kamel Bencheikh ainsi que le caricaturiste Ghilas Aïnouche (apparaissant tous deux sur les photographies reproduites ici).
Le vendredi 14 mars 2025 a eu lieu la première journée d’étude initiée par notre collectif « Littérature et liberté », et organisée par les laboratoires du CERCC de l’École normale supérieure de Lyon et du CEREdI de l’Université de Rouen Normandie.
Cette rencontre, « Boualem Sansal et la littérature mondiale », souhaitait notamment à explorer les nombreux liens intertextuels de cette œuvre avec la littérature mondiale. L’événement a permis également de réaffirmer le soutien de la communauté universitaire, réunissant tant des chercheurs et chercheuses que des étudiantes et étudiants.
Il est à noter que c’est la première journée d’étude entièrement consacrée à Boualem Sansal en France – même si les œuvres de Boualem Sansal ont auparavant, bien entendu, souvent été analysées dans le cadre de colloques en littératures francophones.
Cette soirée de soutien à Strasbourg a été organisée par la Licra, en partenariat avec le journal Marianne. Des dessins réalisés en direct par le caricaturiste et dessinateur de presse algérien Ghinas Aïnouche ont été projetés tout au long des interventions.
19h : animation de la soirée : Ève Szeftel (directrice de la rédaction de Marianne) et Abraham Bengio (Licra)
19h10 : prises de parole individuelles :
Arnaud Benedetti (président du comité de soutien international à Boualem Sansal)
Catherine Trautmann (ancienne ministre de la Culture, ancienne maire de Strasbourg)
Jean-Michel Blanquer (ancien ministre de l’Éducation nationale, président du Laboratoire de la République)
20h : Lecture de textes de Boualem Sansal choisis par Lisa Romain, professeure agrégée de lettres, auteure d’une thèse sur BS ; textes lus par Maxime Pacaud, comédien