Jean-Marie Laclavetine, romancier, est l’éditeur de Boualem Sansal chez Gallimard. Il a écrit ce message avant le nouvel an, sachant que Boualem Sansal ne pouvait pas recevoir de courrier en détention, et nous autorise à le publier ici :
Mon très cher Boualem,
Je sais que ce message ne te parviendra pas, mais j’ai besoin ce soir de te dire à quel point je pense à toi depuis plus d’un mois. J’ai participé à des rencontres, des soirées de soutien, des entretiens, et j’ai toujours été gêné parce que je ne voulais pas mettre en avant notre relation profonde qui dure depuis vingt-cinq ans : je ne voulais pas que la politique ou l’idéologie interfèrent dans cette amitié si particulière qui lie un auteur et son éditeur, et qui ne regarde que nous. Je me souviendrai à jamais du jour où j’ai lu le manuscrit du Serment des barbares. Je ne connaissais pas l’Algérie, mais je me suis immédiatement senti frère de cet homme qui usait des armes de l’humour et de l’insolence, en faisant preuve d’une telle liberté. Je t’ai toujours associé à Rabelais, qui a su combiner la raison, le savoir, la fantaisie et le rire. Tes livres, l’un après l’autre, m’ont réjoui, émerveillé. Je te remercie pour la confiance que tu m’as accordée sans faille même dans les moments difficiles. Je te remercie d’être ce que tu es. Je pense à toi sans cesse, en souhaitant ardemment ton retour parmi nous.
Je t’embrasse,
jm